RELATION DB LA. MORT DE MM. DE GUISE.         449
l'ayant appris sur les lieux mêmes J'étois alors, ser­vant mon quartier chez le Roy. Depuis, vous avez de­siré de le voir par écrit. De façon que me laissant em­porter à votre desir et à celui que j'ai de vous complaire. pour le respect que je dois à notre ancienne et étroite amitié, je vous dirai sans fard et sans passion ce qui en est venu à ma connoissance, reçue par la propre bou-* che de quelques-uns de ceux qui ont vû jouer, et par celle de quelques autres d'entre ceux qui ont été du nombre des joueurs de cette tragédie ; et spécialement par le récit d'un personnage de mes amis intimes, en qui le Roy se confioit entierement de ses affaires plus secrettes; et en un tems la fidélité des hommes étoit tellement débauchée, que celle de quelques-uns ses plus obligés, non sans sujet, ce disoit-on, lui étoit fort sus­pecte : voire celle de mon ami (-) le fut à la fin non par aucune faute, mais par les artifices et les feintes ca­resses que le duc de Guise lui faisoit en presence du Roy, à dessein de le perdre, comme il le fit par cette voie, puisqu'il n'avoit pû le gagner à soi par tout autre moyen. Ge qui parut en ce que Sa Majesté ayant pris ombrage de telles privautés, lui commanda d'aller à Paris sur une affaire simulée; étant arrivé, il reçut peu de jours après un billet de la part du Roy, portant congé pareil à d'autres, qui furent en voyes à quelques­uns de ceux dont il s'étoit toujours auparavant servi en la conduite deses affaires. Cependant arriva la mort du duc de Guise, et lui (-) peu de tems après revint à Blois. L'ayant sçû, je le fus saluer en son logis, , après quelques discours tenus sur les choses passées durant
(-) Celle de mon ami : Cet ami étoit Miron lui-même. — (-) Lui .•'Mi­ron.
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